a swordsman of honor ━ privé ikazuchi nina

Daichi était habitué, désormais, au bruit de l'acier et du feu. Ces deux sons s'entrechoquaient régulièrement à l'intérieur de la base militaire de la cité de l'aube. Tant d'hommes étaient là chaque jour pour parfaire leur entraînement. Certains se débrouillaient mieux avec un arc à flèches alors que d'autres ne juraient que par les combats munis d'un katana. C'était le cas de Daichi qui, contrairement au reste des fidèles de l'empereur, se battait à l'aide de trois katanas plutôt qu'un seul.

Quand il marchait sur le sentier flanqué des lourds bâtiments abritant les guerriers, il ne manquait pas de remarquer les regards posés sur lui. Ses apparats étaient décorés des honneurs reliés à la garde royale. Il portait l'épée, gardait la tête haute et marchait sans se retourner. Il aurait très bien pu trouver refuge au palais ━ choisir de rester loin de ceux qui n'avaient pas autant de chance que lui. Mais il préférait le côté brut de la base militaire. Et puis, Nina semblait du même avis que lui puisqu'il devait souvent faire tout ce chemin uniquement pour la retrouver.
La princesse était bien difficile à brider ━ elle allait où elle voulait et ce, sans protection aucune. L'ironie, c'était que Daichi endossait justement ce rôle de garde auprès d'elle. Alors, aujourd'hui, tandis qu'il traînait dehors devant la base militaire, les autres se mirent à arborer de drôles de sourires et à murmurer sur son passage. Avait-il encore perdu sa protégée ? Nombre d'hommes savaient que la princesse était loin d'avoir besoin d'un chaperon.

Au contraire, elle s'était tout de suite taillée une place parmi les hommes. Bien que, encore à ce jour, nombre de nobles guerriers voyaient d'un très mauvais oeil qu'une jeune femme se prête à l'art du samouraï.

Il y avait fort longtemps que la jeune femme n'avait plus besoin d'un garde du corps pour lui assurer une protection, mais son père s'obstinait à lui offrir ce « cadeau » inestimable, selon lui. Nina n'avait aucun problème avec l'idée d'avoir un chaperon, mais franchement, elle trouvait que rendu à un certain âge et surtout avec le talent dont elle faisait preuve pour défendre sa vie, il aurait été plus sympa de rendre sa liberté à cet homme qui veillait sur elle.

Ceci étant, le fait que son garde du corps n'ai aucun sens de l'orientation était aussi un bonus bénis des dieux. Il devenait aisé de lui faussé compagnie lorsqu'elle en avait envie, sachant parfaitement que le jeune homme ne saurait suivre ses traces, du moins, il ne prendrait pas le chemin le plus facile. Nina avait toujours cette âme espiègle lorsque Daichi cherchait à l'avoir à l'oeil. Son instinct et se côté enfantin revenait à la charge et elle se faisait un malin plaisir à lui rendre la tâche difficile.

Ce n'était plus une surprise d'entendre quelques paysant faire des blagues ou lancer des murmures comme quoi « Daichi à encore perdu la princesse ? » cela dites de façon amusé ou exaspéré. Même si l'empereur connaissait ce côté taquin de sa fille, cela ne l'empêchait pas de prendre pour le jeune homme.
Nina, créature divine -puisque princesse- préférait la liberté qu'à cette manière obscure qu'avait les hommes de vouloir voir les femmes dans une cage à prendre soins des enfants. Hors de question. Jamais. Nada. Nina serait toujours cet être libre qui fonçait et se camouflait en hauteur afin d'avoir une meilleure prise de vue sur ce qui comptait pour elle.

Le sourire aux lèvres, elle observait le dos de ce garçon qui déambulait entre les bâtiments militaire et, dans un saut silencieux, retomba sur la terre ferme, marchant derrière l'homme afin de lui prendre l'un de ses katana sans qu'il ne s'y attende... Mais ça, c'était ce qu'elle croyait.
Après tout, Daichi était tout, sauf un débutant et depuis le temps, il la connaissait très bien.

Des années d'entraînement ne renforçaient pas que la puissance physique. Bien entendu, l'anima de Daichi était principalement centré sur ce même pouvoir, mais cela ne signifiait pas qu'il devait diminuer ses autres capacités physiques. À force de se frotter aux autres samouraïs, il avait travaillé sa perception et son sens de l'observation ━ au point où il pouvait désormais sentir quand quelqu'un se trouvait derrière lui.

Alors, quand le katana glissa de son fourreau, le jeune homme se retourna d'un geste vif et attrapa à la volée le poignet de celle qui voulait lui voler son arme de prédilection. Nina se démarquait, encore une fois, de toutes ces brutes couvertes de sueur qui bossaient dans le secteur. Elle était plus petite que lui, mais son port altier lui faisait dégager quelque chose de particulier, d'inexplicable.

« Bien tenté. » fit-il, le regard toujours rivé sur sa protégée. Ils avaient beaucoup traîné ensemble depuis leur tendre jeunesse et s'étaient affrontés à de nombreuses reprises. Quand il était gamin, elle avait toujours le dessus. Mais plus le temps passait, plus il diminuait l'écart entre-eux de bien des manières. Elle avait un anima gargantuesque en puissance, mais il était fort de bien d'autres manières. « Tu te cachais, c'est ça ? C'est vraiment pas sympa de ta part de me faire ça. » Il fronça les sourcils. « Je t'ai cherché partout. Et ils ont fait des travaux sur la rue marchande. J'me suis retrouvé ... »

Relâchant la main de Nina, il la laissa prendre son katana si elle le voulait. Pour sa part, il préféra se pincer le menton d'un air pensif. « En fait, je sais pas trop ce que c'était. Mais ça avait une drôle d'odeur. » lança-t-il, songeur, en évoquant le bâtiment dans lequel il s'était retrouvé en se perdant. Heureusement que la plupart des habitants du secteur le connaissaient et l'aidaient à s'y retrouver. Qui sait où il aurait bien pu tomber, sinon ? Beaucoup blaguaient encore, dans ces camarades de la garde, à savoir qu'il finirait par tomber du pont céleste.

La jeune femme fronça les sourcils lorsque son poignet se retrouva coincé entre les doigts rude et sèche de son garde du corps. Mince, elle oubliait que son principal talent était de sentir au loin ce qui l'entourait. Le rendant ainsi quasiment intouchable. Bien entendu, Nina n'en demeurait pas moins une jeune fleur dans l'âge et gonfla les joues. Une bouderie qu'elle ne contrôlait pas, encore un peu jeune, vous voyez. D'autant qu'elle aimait bien avoir le dessus sur lui, mais depuis quelques mois, c'était lui qui démontrait une domination féroce et ça, c'était impardonnable.

Elle ne devait pas s'affaiblir, mais ce n'était pas toujours évident d'être une femme dans le monde d'homme et encore moins lorsqu'on est une princesse. Elle abandonna l'idée de prendre l'arme puis haussa un sourcil en haussant les épaules.

« Je ne me cachais pas... vraiment. » Dit-elle avec un sourire qui revenait sur son visage. Elle l'écouta de nouveau puis leva les yeux vers le ciel en haussant les épaules. « C'est pas les arts martiaux que tu devrais apprendre, mais l'art de ne pas se perdre dans un quartier que tu connais depuis l'enfance, Daii-chi. » Elle le poka au niveau du torse et se remit en marche.

Encore une fois, elle l'écouta en arrêtant sans route et sembla perplexe. Une drôle d'odeur ? De quoi ? Elle l'observa un moment en clignant des yeux puis s'approcha en le reniflant au niveau du torse puis du cou, son nez retrousser tout près de la peau.

« Au moins, la drôle d'odeur que tu as sentit plutôt, ne vient pas de toi ! T'es tout propre dis donc ... » Elle eut un petit sourire en coin. « Dit moi, t'aurais pas un rencart ? Nooon, ne me dit pas que tu as trouvée une concubine !? » Elle le taquinait, Nina ce doutait bien que Daichi n'avait pas ce genre de désire. Trouver une femme, et puis quoi encore ?

Il haussa le sourcil lorsque Nina lui fit remarquer qu'il devrait laisser tomber les arts martiaux et se concentrer à apprendre les différentes directions de ce quartier qu'il fréquentait depuis si longtemps. En fait, il était difficile de savoir si Daichi était simplement incapable de se diriger ou s'il préférait vider son esprit de toute information qu'il jugeait partiellement inutile ? Dans tous les cas, il en énervait plus d'un avec son incapacité à se déplacer en ville.

Quand elle lui appuya sur le torse avec son doigt alors Daichi baissa la tête afin de regarder la main de la princesse. C'est là qu'elle se mit à renifler comme un animal curieux, déjà si près de lui qu'il n'avait même pas été en mesure de l'anticiper. L'expression sur le visage de Daichi passa de l'incompréhension au trouble.

C'est alors que Nina lui posa cette drôle de question. Était-il attiré par une femme ? Avait-il un rendez-vous ? Il afficha une drôle de tête : hyper blasée du mec qui n'aime pas trop qu'on se fiche de sa gueule. « N'importe quoi. Je suis juste passé aux bains ce matin. » Il marqua une pause, lui lançant presque un regard de reproche. « Crois-tu que je ne me lave jamais ? »

Des hommes passèrent derrière eux en tirant une lourde charrette remplie de bois qui provenait probablement du territoire du soleil. Daichi remarqua du coin de l’œil que certains semblaient blessés ━ comme s'ils avaient affronté un quelconque animal sauvage. Il ne leur posa aucune question, cela dit, et prêta toute son attention sur la princesse.

« Maintenant que je suis là, je suppose qu'il est de mon devoir de te demander ce que tu fichais ici. » déclara-t-il, au final, pour écourter le sujet de son odeur corporelle (et éviter qu'elle n'ait l'idée saugrenue de le sentir à nouveau, provoquant chez lui cette drôle de chair de poule qu'il était bien content de pouvoir dissimuler sous son kimono).

Il avait été un bain ce matin ?
« Attends, tu vas aux bains et tu m'invites même pas ? Quel garde du corps pourris tu fais, quand même ! » Elle soupira en faisant mine de ne pas avoir droit à ce genre de traitement. Au contraire, lorsqu'elle devait prendre son bain, c'était toujours entouré de milles et une femmes qui lui lavait le dos, les bras, les cheveux, les jambes ... Bref, elle ne pouvait rien faire d'elle-même et ça, c'était foutrement agaçant.

Il n'était d'ailleurs pas rare d'entendre des hommes pousser quelques hurlement près des bains ou des sources chaudes, puisque Nina aimait bien s'y rendre dans le but d'être tranquille et propre à la fois, bien que de prendre son bain parmi les hommes ne semblaient pas être une idée que ceux-ci appréciait... Ou était-ce par peur de la réaction de l'empereur ? Ceci dit.

« Avant on prenait toujours notre bain ensemble, je comprends pas pourquoi soudainement non. » Elle reprit sa route en semblant pensive sur ce point. Nina ne réalisait pas vraiment que, maintenant devenue femme, il serait incongrue pour elle et lui, de prendre un bain ensemble. Les formes de son corps s'était développé et ce n'était pas tout les hommes qui trouvait une aise calme face à une femme.

Alors qu'elle marchait toujours, elle s'arrêta de nouveau en se tournant de moitié vers lui. Qu'est-ce qu'elle fichait ici ? Surprise, elle haussa un sourcil puis regarda autour d'elle.

« C'est mon peuple, ce sont mes samouraï. J'ai bien le droit de venir les voir si je veux ! » Cette réponse sonnait beaucoup trop conventionnel pour être sincère, la vérité était bien plus profonde, mais Daichi ne devait pas être mis au courant. « Ça te gêne que je sois ici ? »

L'espace d'un instant, Daichi arbora une expression des plus neutres. Était-elle réellement en train de lui demander pour quelle raison il ne l'avait pas invitée aux bains ? Il décida de faire comme s'il n'avait rien entendu et décida de marcher à ses côtés, la main rangée bien confortablement dans son kimono. Alors qu'elle continuait sur sa lancée, l'homme lâcha un rire qu'il eut bien du mal à dissimuler.

« T'es vraiment un cas, toi. » rétorqua-t-il en tournant la tête vers elle. Peut-être avait-il pour habitude, avant, de se baigner avec elle. Peut-être la considérait-elle alors comme un ami, un garçon avec une voix un peu plus aiguë. Mais les choses s'étaient mises à changer très vite et il ne pouvait plus faire marche arrière. « T'as envie que ton père me fasse pendre ? » demanda-t-il tranquillement, lui jetant un coup d'oeil comme s'il se demandait vraiment si elle avait envie qu'il meurt.

Alors qu'il attendait sa réponse, il médita sur ce qu'elle lui avait dit juste avant. Elle avait envie de venir voir son peuple ? Bien sûr, Nina était quelqu'un de bien qui se souciait des autres. Mais de là à traîner dans le coin uniquement pour s'enquérir de la santé de chacun ... Il y avait une sérieuse marge. Daichi remua la tête de gauche à droite lorsque Nina lui demanda si ça le gênait.

« Pas vraiment. Tu as encore l'autorisation de te déplacer où que ce soit sur le territoire. »

Il marqua une pause et, le regard fixé sur elle, poursuivit de sa voix traînante et profonde : « Où vas-tu, ensuite ? » Il marqua une pause. « Boire un coup ? »

Oui, il espérait un peu.

Avait-elle envie que son père le pend ? Elle ouvrit de grand yeux, comme si cette éventualité pouvait devenir chose réelle puis fronça les sourcils à la suite d'une drôle de réflexion.
« Mon père ne ferait jamais une chose pareil. » Dit-elle comme si cela était d'une lucidité fondé. Quand son père soit en colère, possible. Que son père s'emporte, c'était une chose probable, mais qu'il demande la pendaison du fils de son ancien meilleur ami et meilleur samouraï, c'était débile.

« Et puis pourquoi il voudrait ça ? Ça ne serait toujours juste qu'un bain ! Tu venais avec moi dans l'océan et maintenant, c'est avec l'autre crétin que je dois m'y rendre, parce que toi... » Elle haussa les épaules. « M'enfin, toi. Tu dois surement te perdre ici et là. »

Elle haussa les épaules en semblant pensive.
Maintenant qu'elle y songeait, jamais Daichi n'était présent quand elle le cherchait pour une baignade, tant pis pour lui tient ! C'est lui qui manquait des moments sympa et des rires.

Ils marchèrent toujours puis, une expression bien rassurée se pointa sur son visage. « Encore heureux ! » Il ne manquerait plus que son père lui limite le territoire hein. Mais bon, avec Daichi, elle pouvait se rendre un peu n'importe où, même si de base, elle s'y rendait qu'il soit là ou pas.

Il proposa de boire un coup et elle lui lança un regard assez significatif.
« Je ne sais pas boire, tu le sais comment ça se termine ! »

L'empereur était-il capable de telles choses ? Sans doute que non. Du moins, pas avec une personne à laquelle il tenait vraiment. Daichi était persuadé que le souverain de la colonie serait prêt à exécuter quelqu'un ━ cependant, il faudrait que cette personne ait fait quelque chose qui mérite ardemment cette fin. Bien entendu, Daichi ne s'attendait pas à ce que Nina tienne tant à ce qu'il partage la baignade avec elle. La preuve, il s'étonna qu'elle hausse les épaules et paraisse même un peu déçue qu'il s'absente dès qu'il serait possible de la voir avec un peu moins de vêtements sur le dos.

Bien entendu, pour lui, cela tombait sous le sens.
Il n'avait aucune envie de succomber à la tentation.

...
Faux.
Il avait très envie de succomber à la tentation.
Mais résister était, selon lui, la meilleure des solutions. Nina allait, un jour, épouser un homme que son père aurait choisi pour elle ou qu'elle même aurait décidé. Il n'avait pas à s'immiscer dans sa vie de cette manière. Déjà qu'il était toujours là telle une ombre près d'elle. Nombre de fois, Daichi s'était dit qu'elle devait en avoir marre de lui, à la fin.

« Pas faux. Tu peux toujours me payer à boire pendant que tu manges des cacahuètes ? » suggéra-t-il avec un petit sourire chiant. Évidemment, il plaisantait. Il s'étira et croisa les bras derrière la tête tout en déambulant sur le sentier qui menait au village. « Il y a un repas de convenance, je crois, ce soir. » Il fouilla dans son esprit à la recherche des informations manquantes, mais la vérité c'est qu'il n'avait écouté que d'une oreille ce que disait l'empereur.

« Les servantes vont encore te déguiser en poupée tu crois ? »
Son sourire ne le quitta pas alors qu'il la regardait une fois de plus. Il se souvenait très bien de cette fois-là où on lui avait fait porter un horrible kimono rose couvert de fleurs et de paillettes blanches. Un truc qui ne lui allait pas du tout, d'ailleurs. Nina avait tiré la tronche toute la soirée.
Bon, c'était il y a plus de sept ans, mais tout de même. C'était marquant.

Elle pouvait lui offrit une coupe de saké, mais elle n'allait surement pas le regarder et s'empiffrer de cacahuètes, pour sur. Elle le jugea du regard un moment puis, quand il parla d'un repas de convenance, elle pâle violemment. Merde, ce détail lui était totalement sortie de la tête. Elle allait avoir bientôt l'âge du mariage et les soirées comme celle-ci n'allait que s'agrandir encore et encore, devenant plus fréquente et plus ... chiante.

Elle avala lentement en semblant sur le point de rendre l'âme tellement l'envie d'être au temple, lui manquait. « J'avais totalement oubliée que c'était ce soir ... » Après tout, c'était ce qui avait poussé la jeune femme à faire une énorme crise à son père. Elle ne lui parlait plus et ce, depuis au moins une semaine. Hors de question qu'elle se marie avec un homme qu'elle n'aime pas et pire, qui aura été choisi par son vieux.... Des plans pour que ce soit un vieil ami affreux dont il lui manque un bras.

« ... J'ai pas envie d'aller à cette soirée de merde ! » Dit-elle en colère, serrant maintenant le manche de son katana, créant de petite flammèche électrique alors qu'elle plissait les yeux. « Je le connais pas moi ce mec qu'il veut me présenté..... Et d'un coup qu'il est arrrrrchi moche ? Qu'il lui manque des dents ? Pire, qu'il pue ? » Elle grimaça puis tourna la tête vers Daichi en semblant réellement en colère.

« Prends ma place. » Il serait très crédible, d'ailleurs.

Ouais, lui il se souvenait très bien que c'était ce soir.
Ces nouveaux entretiens entre Nina et ses prétendants n'aidaient en rien Daichi à contrôler ses ardeurs. Il l'écouta parler de son mécontentement et constata très vite qu'elle manquait de motivation. S'il était placé dans la même situation qu'elle, Daichi était persuadé qu'il serait dans le même état. Heureusement pour lui, son père lui avait fait promettre de servir la famille royale et cela n'impliquait pas de se marier.

Lorsque Nina évoqua l'idée que le prétendant en question soit moche, édenté ou qu'il schlingue alors le vert eut bien du mal à ne pas grimacer. Il y avait toute sorte de visages qui défilaient dans sa tête : des hommes qui, pour la plupart, habitaient déjà la capitale et se démarquaient par leur visage peu séduisant. L'expression colérique sur le visage de la princesse lui vint alors comme elle venait de se tourner vers lui.

« Prendre ta place ? » répéta-t-il comme si l'ordre avait du mal à passer les limites de son lent cerveau. C'est juste au moment où il réalisa que c'était impossible qu'il eut un bref sourire en coin. « Ton père est peut-être un peu naïf, parfois, mais j'doute qu'il sache pas faire la différence entre sa fille et moi. » Il marqua une pause. « Même si j'suis beaucoup plus beau ... » conclut-il en haussant les épaules, arrogant.

« On a qu'à pas y aller. »
Il marqua une pause.
« Allons traîner loin. Là où ils pourront pas nous trouver. »
Il balayait déjà le paysage du regard à la recherche d'une planque efficace.

Elle abordait toujours une expression exaspérée lorsque Daichi lui répondu, sans hésitation, que son père ferait rapidement la différence entre lui et elle. Bon, c'était vrai qu'au niveau de la corpulence et de la grandeur, il y avait une différence, mais avec une bonne perruque, un kimono parfaitement ajusté... Oui, non. Elle soupira longuement en laissant battre ses bras le long de son corps.

C'était la poisse et l'idée même de passer une soirée complète assise sur les genoux, le visage recouvert d'un masque blanc avec un rouge à lèvre criant, ne lui plaisait pas. D'ailleurs, quand Daichi fit savoir qu'il était plus beau, elle eut un éclat de rire sincère et à la fois exagérer.

« Clairement ! Avec tes poils aux jambes et ton ventre rond remplit de saké, c'est clair que toute les filles tombent à tes pieds ... hu hu hu. » Pour ajouter une touche à ce qu'elle disait, elle observa autour d'elle, cherchant les dites filles en question, mais rien.

Il proposa donc de ne pas y aller et Nina fronça les sourcils.
« Là, mon père te pendra. » Dit-elle avec un petit sourire en coin. Désobéir et ne pas venir à une soirée officielle, c'était une outrance.
« Même si l'idée me plait beaucoup, je ne peux pas et tu le sais très bien. Je vais devoir rencontrer ce jeune homme et ... Lui faire peur ! » Cette fois, une drôle de lueur traversa son regard alors qu'elle eut un petit sourire espiègle. « Tu m'aideras ? »